La petite histoire de l'encadrement
LA PRÉHISTOIRE
C’est en l’an 2000 avant J.-C. que pour la première fois apparaît à Kivik, en Suède, la représentation d’un cadre. Un dessin sur pierre, cerné de chaque côté par 2 traits verticaux et en haut et en bas, par 2 traits horizontaux. À cette même époque, existent à Cnossos, en Crète, des fresques peintes sur les murs, qui étaient entourées de larges bordures de tons unis.
L’ANTIQUITÉ
Du premier siècle de notre ère, nous sont parvenus les portraits du Fayoum provenant d’une région du delta égyptien, oeuvres réalisées par des chrétiens Coptes influencés par l’art d’Alexandrie. Ces portraits peints sur des planchettes étaient fixées par le suaire sur le visage du mort qu’ils représentaient, ils étaient entourés de baguettes de bois. Ce sont donc vraiment à cette époque les vrais précurseurs de nos cadres actuels. Au 2 ° siècle de notre ère, les peintures chinoises sur soie ou sur papier étaient entourées de bandes de soies ou de papier.
LE MOYEN ÂGE
Au début du 4 ème siècle jusqu’au milieu du 15 ème siècle, commence une activité artistique intense, en France romane, de nombreuses fresques et de nombreux bas-reliefs sont entourés de bordures. Vers l’an 700 de notre ère, l’Islam développe un art qui prend tout de suite une grande importance, mais la religion Islamique interdisant tout reproduction corporelle, les artistes entourent leurs réalisations de larges bordures composées de motifs géométriques, de fleurs ou d’oiseaux. En l’an 900, on retrouve ce type “d’encadrement” sur une tapisserie de la Reine Mathilde, cette tapisserie étant entièrement bordée. Les premiers cadres en bois qui apparaissent vers l’année 1120, sont de véritables constructions allant d’une petite dimension pour les petites peintures, à de très grandes dimensions pour les retables d’églises ou de cathédrales. Dans certains cas ces travaux prennent l’apparence de véritable monument d’architecture. Cet ensemble de panneaux peints ou sculptés, liés entre eux et comprenant en général des volets qui peuvent se replier sur une partie centrale prennent le nom de polyptyque, lorsqu’ils se composent de deux panneaux on les appelle diptyques, et de trois panneaux triptyques. Les sujets étaient presque toujours religieux, il fallut attendre la Renaissance pour voir apparaître des natures mortes et des portraits.
LA RENAISSANCE
Les cadres très simples de la fin du Moyen âge, s’enrichissent vers 1520, de sculptures dans le bois, représentant entre autre des fruits, ils sont toujours dorés, mais s’y ajoute de la couleur; des artistes de renom se chargent de leur encadrement, Botticelli lance la mode du “Tondo”, qui est un cadre rond, au large profil doré et très sculpté sur lequel sont reportés des médaillons de terre cuite: C’est également à cette époque, en Italie, que les cadres deviennent des monuments d’orfèvrerie et de sculpture. C’est vers la moitié du 15 ème siècle que naît à Florence la “corniche”, c’est un cadre en forme de tabernacle, dont le sculpteur Donatello fait grand usage. Le tabernacle était un compromis entre les cadres architecturaux et les retables du Moyen Âge, et les cadres plus petits et plus facilement transportables que l’on commence à voir apparaître pressentir. Ce genre d’encadrement annonce la prochaine apparition de la peinture de chevalet, et la disparition du retable. Au 16 ème siècle, les Pays-Bas mettent au point des cadres en ébène, unis ou ondulés et des cadres en écaille avec des incrustations. Les bordures vont prendre alors leurs formes définitives et la peinture s’affranchit ainsi du milieu architectural dont elle faisait partie intégrante, les bordures sont alors constituées de baguettes simples, formées d’un plat bordé par des listels dorés. Les baguettes d’encadrement adoptent au fil du temps les styles des différentes époques, chaque style marque son encadrement.